Depuis plus d’un mois et notre arrivée en Birmanie, notre voyage prend un tour spirituel. C’est venu comme ça, progressivement, sans crier gare, avec des pauses, mais cela teinte clairement notre parcours. Nous avons séjourné dans un temple, une communauté, un ashram, un hôpital et un orphelinat. Nous découvrirons un centre d’entraînement/réhabilitation par la course le mois prochain. Méditation, yoga, respiration, câlins, nettoyage de malades, acupuncture, gym, cours d’anglais et beaucoup de discutions au programme. Entre nous bien sûr, mais aussi avec beaucoup d’autres voyageurs. Car, dans ces endroits, il y a toujours du monde, à différents stades de leur exploration qui, toujours, se posent des questions.

Souvent, ils ont des éléments de réponse, basés sur l’état actuel de leurs réflexions, à nous transmettre. Personnellement, je me méfie de ceux qui détiennent une réponse trop assurée. J’ai plus confiance dans l’incertitude quand il s’agit de bonheur, de clairvoyance ou de paix de l’esprit. Finalement, ces lieux sont des pouponnières spirituelles qui catalysent les réflexions venues des quatre coins du globe autour du gourou ou du moine fondateur. Oui, l’hindouisme et le bouddhisme marchent un peu comme ça. Nous avons ici des discussions très ouvertes sur des questions très profondes qu’il est quasiment impossible d’avoir dans notre vie quotidienne. Nous parlons librement de sentiments ou de sensations que nous avons peu souvent l’occasion d’exprimer. Nous expérimentons des choses que seul un lieu spirituel peut apporter. L’autre jour, Gab et moi nous sommes regardés droit dans les yeux pendant 15 minutes. Ça n’était jamais arrivé avant. Au quotidien, ça ne pourrait durer plus d’un instant et finirait par de la violence ou du sexe.

Nous côtoyons des moines, des gourous et des fidèles qui attisent notre curiosité et éveillent notre esprit critique. Et tout ceci vient avec un peu plus de calme dans notre quotidien. Du coup, le voyage prend un autre tour. Du Canada jusqu’en Birmanie, nous essayions de voir ou faire le plus possible des incontournables du pays. Mais depuis la fin de la Birmanie, il est devenu clair qu’il nous fallait ralentir pour mieux apprécier. Cela signifie voir moins de choses, mais aussi perdre moins de temps dans les transports et donc diminuer le stress. Nous ne verrons ni le Taj Mahal ni le Gange, ni Goa ni Delhi, mais finalement peu importe. Ces lieux assaillis de touristes sont souvent assez désagréables. Pendant mon voyage de 2015, j’avais été déçu d’être toujours sur la défensive avec les locaux qui ne s’adressaient jamais à moi sans intérêt. Cette fois-ci, je suis heureux de pouvoir être naturel avec eux, de recevoir des sourires francs, de négocier honnêtement et de ne pas craindre l’entourloupe. Seul le Vietnam aura fait exception à cette règle malheureusement peut-être faudrait-il y retourner un jour et y voyager différemment.

Dans les prochaines semaines, nous allons sortir progressivement de cette atmosphère particulière et retourner à nos habitudes. Elles sont si faciles à reprendre et, dans un sens, nous avons tellement envie de les retrouver. J’espère pouvoir les combiner aux leçons apprissent ces derniers mois. C’est alors seulement que je saurai si, spontanément, ce voyage aura tourné en une découverte spirituelle.