Ça y est. Nous sommes partis. D’ailleurs, ce sera notre statut durant les sept prochains mois. Partis, ailleurs, partout et nul part à la fois.

Notre périple a débuté fort. Trois jours de train pour se rendre dans les Rocheuses. C’était mon idée semble-t-il. Je ne me souviens pas. J’ai la mémoire accommodante. Semble-t-il que je voulais visiter mon pays, célébrer son 150e en l’honorant presque d’un océan à l’autre. Peut-être que je croyais y trouver une bribe d’identité cachée quelque part dans les forêts ontariennes ou dans les Prairies?

Quoi qu’il en soit, nous avons relevé le défi. Moi qui voulais débuter notre périple par une retraite de méditation question de me mettre dans une bonne vibe, dans une énergie recentrée sur l’essentiel, j’ai été servie. Pour ceux et celles qui cherchent la clé du lâchez prise, je recommande la thérapie Via Rail : on ne sait pas quand on part ni quand on arrive. Il suffit de se laisser mener du point A au point B et de profiter du paysage, du focusser sur les attentions bienveillantes de certains membres du personnel, sur les récits des autres passagers, sur les petites victoires comme d’avoir accès à une banquette à quatre qui permettra d’étendre ses jambes et ainsi dormir un peu mieux, et surtout, SURTOUT les paysages. Les levers et les couchers de soleil à couper le souffle, ou plutôt, à redonner de l’air, à redonner le droit de respirer.

Car pour ce genre d’expérience, chaque détail compte. Il devient aisé de porter toute son attention à l’inconfort, au manque de sommeil, aux odeurs et aux sons disgracieux, à sa propre envie de se laver dans une vraie douche. Mais finalement, c’est une expérience dont je me souviendrai. Ah oui! Je me souviens maintenant. Je voulais traverser ce territoire pour me nourrir de ces paysages avant d’aller courir le monde.