G : En faisant le ménage prévoyage, j’ai trouvé des listes de projets que Jeff et moi avions écrites il y a presque un an. Nous avions divisé nos envies en trois catégories : le court, moyen et long terme. Je fus surprise de constater que certains projets prévus dans l’année ne verraient pas le jour. Notamment celui de faire un triathlon, alors que d’autres avaient été devancés dans la planification. Nous nous étions donné cinq ans pour réaliser ce rêve un peu fou de tour du monde. À douze jours du départ, les choses deviennent très concrètes. Nous n’en sommes plus au stade du « un jour peut-être » ou « dans quelque temps » le voyage va commencer. Non, le départ c’est maintenant! Cette projection dans le temps a quelque chose de surréel et d’excitant. À la fébrilité du voyage à venir, s’ajoute celle de vouloir tout faire avant de partir : la liste des choses à faire et des gens à voir s’allonge en même temps que l’échéance rétrécit. Nous n’aurons probablement pas le temps de tout faire. Il va falloir prioriser en sachant qu’après le départ aussi nous pourrons faire certaines choses.

J : Moi, j’ai préparé un petit livret de guitare au cas où je trouverais un instrument durant le voyage. J’ai suivi mon dernier cours de guitare lundi et je sens que la pratique va me manquer. J’ai aussi préparer mon dossier de demande de citoyenneté. Les lois ont changé et sont en cours de mise en application. Après six ans au Québec, iI est possible que je devienne admissible à la citoyenneté en cours de voyage. J’ai envie de boire un verre avec mes collègues de travail et un autre avec mes amis. Pour ça, la fenêtre est courte. Je dois attendre d’avoir couru le marathon le 24 septembre.

J’essaie de compiler dans des petits livrets les idées ou les bons plans trouvés sur internet pour nos destinations. Je l’avais fait lors de mon voyage en Asie du Sud-est et j’avais trouvé ça pratique. Un bon moyen de mettre un peu d’ordre dans nos idées et de garder des traces des conseils que nous recevons ou des itinéraires visés. Le livret «Nouvelle-Zélande» est sur la bonne voie. Celui pour les «Rocheuses et l’Ouest canadien» est un peu brouillon et le restera probablement comme ça. Nous avons assez peu d’information sur Hawaï, jusqu’à maintenant. Enfin, j’aimerais avoir le temps de me faire une idée pour le Vietnam et, si c’est possible, aboutir à un livret.

G : Sachant que Jeff a pris en charge le trajet pour la Nouvelle-Zélande et qu’il fait ses recherches pour le Vietnam, je suis plutôt en paix avec ces parties du voyage. Je lui fais confiance et je sais que nous aurons toujours l’occasion de revenir sur les détails en cours de route. Nous sommes quand même pas mal organisés : nous avons réservé nos transports et nos logements du 3 octobre (jour du départ) au 27 novembre (moment du vol de Singapour à Hô Chi Minh). Ce que j’aimerais VRAIMENT prendre le temps d’étudier, c’est notre trajet pour l’Inde. Ceux qui me connaissent savent que je rêve d’aller en Inde depuis mes quinze ans. Adolescente, je me complaisais à sniffer de l’encens dans les boutiques douteuses de la rue St-Denis et de l’Avenue Mont-Royal comme si les effluves de patchoulis me rapprochaient de mon rêve. Bref, je vais ENFIN aller en Inde. Armée de mes capsules de Malarone et de mes mille vaccins, je suis prête à découvrir cette contrée pour le moins exotique et aux antipodes de mes référents actuels. J’aimerais beaucoup vivre un séjour dans un Ashram, mais pas que. Je ne veux pas forcer l’illumination, mais j’avoue que je rêve de ce retrait de l’agitation depuis un moment.

Outre les itinéraires, il faut penser à d’autres trucs plus terre-à-terre. Notamment faire un bon ménage avant

l’arrivée de L. qui sous-loue notre appartement durant notre absence et qui a même accepté de s’occuper de notre Tom Tom national. Et puis: faire nos cartons, déménager, ranger les vélos, acheter la Malarone (surtout, ne pas oublier la Malarone !), acheter des souliers de course, acheter deux cent kilos de litière pour que L. ne soit pas embêtée avec ça…

J :… Et courir un marathon. Parce que c’est dimanche que ça se passe. Je suis dans cet état ou j’ai toujours l’impression que j’ai plein de choses à faire, mais je ne sais plus lesquelles. Je veux écrire à l’un pour des informations sur la Nouvelle-Zélande, téléphoner à l’autre pour ses trucs sur le Kenya, poser plein de questions sur les rocheuses Canadiennes à un troisième… Malgré tout, je suis assez serein. Tout de même, nous partons en vacances.

G : Moi, j’capote. Mais, non! C’est vrai qu’il y a beaucoup à faire, mais j’ai fait le deuil que nous arriverons à tout faire avant de partir. Nous partons en voyage (pas en vacances Jeff, en voyage ! avec le planning que nous avons, je t’annonce que ça ne sera pas des vacances !) La seule chose à laquelle je tiens vraiment, c’est de passer du temps de qualité avec les gens que j’aime avant de leur dire : À la prochaine!

J: Au moment où nous publions cet article, la nouvelle est tombé. La distance Marathon est annulé pour dimanche. Je dois décider ce que je vais faire.