Moins d’un an après notre rencontre, la question est tombée comme une tonne de brique :

      – Gab ? Si on allait passer les fêtes de fin d’année en France ? Qu’est-ce que t’en dis?

Encore plus que l’annonce du périple de Jeff en Asie prévu pour le mois de janvier durant lequel nous allions être séparés 2 mois, ce séjour en France représentait une étape décisive dans notre relation encore jeune. Ça signifiait passer 3 semaines, ensemble, collés-collés, 24 h/7 ensemble, lui, moi et toute la belle famille. Parce que l’aventure, ce n’est pas que dans la jungle que ça se passe, j’ai dit oui à ce qui allait devenir ma première expérience bretonne.

Ce qu’il faut savoir, c’est que Jeff fait partie de ceux pour qui la famille est un nom composé, avec plusieurs traits d’union qui se sont multipliés au fil des ans, donnant lieu à un arbre généalogique à embranchements multiples enraciné dans les 4 coins de la France. À priori, rencontrer la belle famille signifiait faire un tour de France.

Parce qu’ils sont tous aussi adorables les uns que les autres, tout le monde s’est donné le mot pour nous épargner un grand écart entre le sud et le nord, et s’est donné rendez-vous en Bretagne. Et les environs.

Nous avons réussi à concentrer le séjour entre Paris, Rennes, Santec, Brest, Angers, Belle île en mer et Cholet. Pas mal, non ? Surtout que chacun de ses endroits, ou presque, ont été l’occasion de nos courses matinales.

À Paris, au départ de Montmartre, nous avons pu aller boulevard Haussman, sur les Champs et jusqu’aux Tuileries ; nous avons slalomé entre les Parisiens pressés et peu enclins à nous laisser un petit bout de trottoir.

À Rennes… Bon. à Rennes, nous n’avons pas eu le temps de courir. Nous avons juste eu le temps de faire le marché et de manger des galettes saucisse. Il faut savoir gérer les priorités.

 

À Santec, nous avons pu courir dans les champs de choux-fleurs et d’artichauts, en bord de mer et même un peu sur la plage. Courir un peu en famille aussi.

Surtout, nous avons pu expérimenter la force de la météo bretonne à son meilleur avec une pluie et un vent suffisamment forts pour nous faire douter de notre décision de sortir ce matin-là.

À Brest, nous étions trop occupés à manger le far de MamieJeff.

À Angers, ou plus exactement Bouchemaine, nous avons assisté à des levers de soleil absolument splendides au bord de la Maine. La grande promenade qui longe cette rivière offre un cadre superbe. De la petite sortie vers le sud jusqu’à Épire avec PapaJeff (accompagnateur à vélo) jusqu’à la longue vers le nord jusqu’au Château d’Angers, une belle surprise pour nous deux !

À Belle-Île, nous avons été pris dans une tempête impressionnante pour une Québécoise, mais habituelle pour le climat breton en janvier. La force du vent et de la pluie ont quand même compromis notre traversée sur la Belle-Île, où je suis arrivée blanc-verdâtre, mais néanmoins prête à découvrir ce magnifique bout de pays. Au départ du Palais, nous avons sillonné les rues pour nous perdre dans la forteresse Vauban qui domine la ville.

À Cholet, nous avons pris une petite pause et avons profité d’une nuit dans un château pour fêter nos un an de rencontre.

De retour à Angers, dès le lendemain, nous avons chaussé nos baskets une dernière fois avant de regagner Paris pour y prendre nos avions respectifs : car après 3 semaines intenses et surtout, intensément riches de paysages et de rencontres, nous ne repartirons pas dans la même direction.

      – Jeff ?

      – Oui ?

      – Je pense que tu vas me manquer cet hiver….

      – Oui, c’est étrange. Après 3 semaines aussi fortes, on se quitte pour deux mois. Tu vas me manquer aussi.

Quelques minutes plus tard, des voyageurs pressés ont vu ce couple se séparer, valises à la main et larmes aux yeux. L’une vers Montréal, l’autre vers Luang Prabang.