Cuba juin 2012

Avec le recul, je me rends compte que c’était une grande première ce voyage. Premier voyage au départ de Montréal, premier voyage sac à dos sans accompagnement, premier voyage incluant un peu de course pendant le séjour. Deux potes sur la route pour une traversée express de Cuba en 10 jours.

De Montréal ; les charters à destination des hôtels tout inclus de Varadero ne coûtent pas cher. À l’arrivée, impossible de trouver la « Casa particular » réservée sur internet. En voyage, les locaux ont régulièrement du mal à situer une adresse. Qu’à cela ne tienne, nous trouvons quelqu’un qui connait des gens qui louent une chambre. Un peu d’argent perdu, un lit pour deux, une petite chambre, mais on a un toit.

 

Pour l’étape suivante, nous négocions un taxi collectif pour nous déposer à Matanzas. Nous avons probablement payé pour les 3 ou 4 autres passagers de cette voiture de carte postale, mais bon. C’est pittoresque et ça reste très abordable. Au bar de Matanzas, un ex-détenu saoul et un peu collant nous prend en affection et se fait payer une bière. Impossible de payer en Peso Cubano. Pour nous les gringos, c’est Peso Convertible uniquement. Nous avions pris les 2 monnaies en arrivant à l’aéroport. Le Cubano était quand même 27x moins cher que le Convertible en 2012.

Quelques heures plus tard, à la gare des bus nouvelle négociation pour un «collectivo». Attendre le départ, me donne une belle occasion de goûter un bout de porc grillé. Je trouve ça bon, le vendeur me propose sa sœur, elle sourit, j’espère qu’on va partir bientôt. Je charge nos sacs et la valise d’une passagère. Le chauffeur me félicite : «Caballero!». Je demande d’attendre «Mi hombre,… euh mi hermano,… euh mi amigo» avant de partir. On me suggère pour éviter les confusions de ne pas appeler mon ami « hombre ».

 

La voiture est vraiment rustique. Nous traversons un orage et la pluie entre à l’intérieur. On peut voir la route au travers des trous du plancher. En route, notre gros chauffeur sort sa tête pour regarder sa roue arrière. Une fois, deux fois, trois fois… Il s’arrête pour revisser. Il nous dévoile alors son meilleur profil de plombier. On repart bientôt, nous voilà devant le Capitole cubain.

 

Nous passerons quelques jours chez Clara, la mère de celui qui deviendra plus tard un ami et notre plombier à Montréal (une longue histoire…). Grâce à elle, nous avons pu dépenser nos Pesos Cubano. Voyant que nous étions tombés dans une attrape touriste la veille, elle se fait forte d’aller nous acheter de vrais bons cigares et, au passage, elle nous en donne à ramener à son fils.

Mes souvenirs de La Havane ce sont : Les cocos taxis, le rhum, des bâtissent magnifiquement délabrées, les voitures qui vont avec, Chinatown (hé oui !)… Mais aussi un guide improvisé qui en profite pour se faire payer un verre puis qui nous lâche, les particuliers qui s’improvisent taxi (Uber ?), Playa del este, les couchers de soleil magnifiques… Et en prime, ma première course en voyage, le long du fameux Malecón. Attention à la prononciation, pour éviter le conflit, ne pas dire Maricón, ça veut dire tout autre chose.

 

Prochain arrêt, Cienfuegos. En bus cette fois. À l’arrivée, les propositions d’hébergement pleuvent. Nous nous retrouvons dans une grande chambre impersonnelle avec terrasse et cuisine. Il y a le petit quartier de bord de mer, la rue principale, la rue commerçante piétonnière, la place centrale et le bureau du parti. Le tour est fait, mais tout ça est très beau.

La dernière étape avant de prendre le chemin du retour, c’est Trinidad. Notre logeuse nous loue sa maison pendant qu’elle loge ailleurs. Plus nous avancions dans ce voyage, plus nous avions de grands logements. Ici, c’est 2 chambres, salon et cuisine pour une misère. La ville est classée au Patrimoine mondial de l’UNESCO avec ses rues pavées. Pas du pavé parisien hein ! Du gros pavé, à moitié déchaussé. Il y a du vécu. Attention aux chevilles. Ici, il y a un petit marché, la casa de la musica, quelques petits restaurants et c’est tout. Pour retirer de l’argent, il faut aller à l’hôtel touristique en haut de la colline. Pour nous, ça s’est transformé en une petite anecdote à cause du prix de la course de taxi inutile pour s’y rendre. Tu baisses la garde 5 minutes et hop, tu tombes dedans. C’est le jeu.

De Trinidad, nous visitons la campagne cubaine à cheval. Objectif : une chute d’eau. Il pleut un peu puis de plus en plus, mais notre guide mènera sa sortie à bien. Pas question de rembourser tout le monde ! C’est seulement une fois que tout le monde nage allègrement sous la cascade qu’il se rend compte que le ruisseau est en train de devenir un torrent. Là, avec la plus grande sérénité, il se met à crier très fort et agiter les bras pour nous faire sortir. Dans la panique, une Allemande manque de se noyer. Bravo Pepino, tu es recalé pour le Club med. Les soirées se passent à la casa de la musica. Les Cubains font danser les touristes féminines. Nous, on boit des bières et du rhum.

Pour nos deux derniers jours, nous avons eu le droit à un reste de tempête tropicale. Retour à Varadero en bus sous une pluie diluvienne. Et quelques heures bloquées dans notre chambre par le vent et la pluie. Nous avons tout de même eu la chance de pouvoir profiter encore un peu de la plage et de nous rendre à l’aéroport au sec.

En dehors des touts inclus, cette île est complètement préservée de toute offre touristique. Les taxis vous sollicitent bien sûr, mais pour le reste c’est très tranquille. Il n’y a pas, par exemple, de propositions de tours à n’en plus finir. Si je compare aujourd’hui, avec d’autres destinations, il me semble que c’est assez exceptionnel. Souvent, le moindre intérêt touristique est exploité à outrance. Quitte à fabriquer de l’intérêt.